21 février 2018

A malin, malin et demi - Richard Russo

Auteur : Richard Russo
Editeur : Editions de la Table Ronde - collection "Quai Voltaire"
Genre : Littérature américaine
Parution : 24 Août 2017   -   624 pages


Ma note :

Douglas Raymer, chef de police locale d'une petite commune au nord-est des Etats-Unis, découvre le corps de sa femme Becka en rentrant à la maison. Quelques minutes plus tard, il trouve une lettre dans laquelle elle lui indique le quitter pour un autre homme.

Sully, un homme âgé et figure de la ville, apprend qu'il est porteur d'une grave maladie. Selon son cardiologue, il lui reste deux ans à vivre, peut-être même un seul. Sans aucun optimisme, il passe le plus clair de son temps dans le bar de son ex-maîtresse, à boire et à fumer.

Dans un environnement miséreux, Richard Russo dresse le portrait des habitants d'une ville, pour la plupart complètement désespérés, le tout avec humour et ironie.


Mon ressenti :

"A malin, malin et demi", de son vrai titre "Everybody's fool" en version originale, a obtenu le Grand Prix de la littérature américaine en 2017. Ce roman est la suite de "Un homme presque parfait" (1994), précédent ouvrage de l'auteur dans lequel c'est le personnage de Sully qui tient la place centrale. Cependant, les deux livres peuvent se lire indépendamment. 
Sur plus de 600 pages, cette chronique sociale suit des personnages évoluant dans un univers complètement décadent et dans une existence d'une grande pauvreté.
L'auteur nous embarque dans l'état de New-York, proche de la frontière canadienne, entouré des massifs montagneux des Catskill et des Adirondacks et des plus grands lacs. North Bath est une toute petite ville dans laquelle presque tout le monde se connaît et se retrouve dans l'unique bar de la commune. La seule usine qui s'y trouve est désaffectée, il n'y a pas de travail et certains habitants vivent de récupérations et de petits trafics.

L'histoire se déroule sur deux journées seulement et on y trouve une (très grosse) palette de personnages dont certains sont des plus déplorables. Il faut bien s'accrocher durant les cinquante premières pages pour bien suivre le portrait de chacun d'eux. Sont ainsi successivement présentés Douglas Raymer (le chef de la police de North Bath), Sully, Roy (au casier bien rempli), Jerome (policier afro-américain), Carl (entrepreneur véreux), Rub et Bootsie, Jeanney et tant d'autres.
Douglas ou Douggie, est le personnage principal du livre. Il a grandi à North Bath, s'y est marié, installé et y travaille. C'est un homme qui manque de confiance en lui et qui s'interroge beaucoup au quotidien. Il connaît tout le monde et après le décès de sa femme, sa seule idée est de découvrir l'homme avec lequel elle s'apprêtait à partir. Pour cela, un indice : la télécommande de la porte d'un garage retrouvée dans le véhicule de Becka.

Au fil des pages Richard Russo nous transporte dans la vie de ses personnages et dans des situations plus improbables les unes que les autres. En abordant les thèmes des violences conjugales, de l'infidélité, du manque d'argent et du chômage, on se retrouve dans une lecture bien animée durant laquelle on en ressort même essoufflé.
Ce n'est cependant pas l'intrigue posée dès le départ qui importe pour l'essentiel, mais les rapports humains et les confrontations qui s'y présentent. Les personnages sont très travaillés tant dans leurs personnalités, que dans leurs vies respectives. L'auteur évoque le tout intelligemment avec beaucoup d'ironie, on ressent presque de l'affection pour les plus "paumés" d'entre eux.

L'auteur ne nous présente pas l'Amérique "parfaite" mais celle des américains isolés et livrés à eux-mêmes en pleine province, éloignés des villes les plus prospères. On y rencontre des hommes et des femmes qui vivent au jour le jour, pessimistes quant à leur situation et leur avenir, le tout dans une ambiance assez glauque et pesante. 
"A malin, malin et demi" est un livre que j'ai beaucoup aimé 👍

L'auteur :

Richard Russo est un romancier américain né en 1949. Il a enseigné la littérature à l'université avant de publier ses premiers romans. Il a successivement écrit "Un homme presque parfait" (1994), "Un rôle qui me convient" (1997), "Le déclin de l'Empire Whiting" (2002), "Le phare de Monhegan" (2004), "Quatre saisons à Mohawk" (2005), "Le pont des soupirs" (2008), "Les sortilèges de Cap Cod" (2010), "Mohawk" (2011), "Ailleurs" (2013).
En 1994, "Un homme presque parfait" est adapté au cinéma.
En 2002, il obtient le Prix Pulitzer pour "Le déclin de l'Empire Whiting", son oeuvre a également été adaptée au cinéma en 2005.

2 commentaires:

  1. Superbe billet qui donne envie!

    Je compte lire d'abord "Un homme presque parfait", qui précède, en quelque sorte, ce roman-ci.

    Il est plus que temps que je découvre l'oeuvre de Russo!

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  2. Merci ! Je n'ai pas lu le premier mais j'en ai entendu que du bien . Encore un qui me tente bien (comme tant d'autres 😭)

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